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mardi 27 juin 2017
dimanche 11 juin 2017
Eliminatoire can 2019 :sénégal -guinée équotorial :les lions ecrasent le NZalang

3but a 0 c'est l 'score final du match qui a opposé le senegal et la guinée équotorial hier au stades léopold sedar senghor .les lions qui ont enchainé trois match nul avaient q'un seul mot dordre gagner pour confirmer leur place de 2eme d'afrique dans classement fifa.
c'est à 21h précise que l'arbitre marocain a donné le coup d'envoi du match , Des l’entame du jeu les lions ont trés tot monté en puissance avec un pressing trés haut qui oblige le défenseur équato-guinéen de mettre la balle en corner ,le premier de la partie.le milieu de terrain sénégalais Henri saivet exécute le corner ,la balle traverse toute la défense équato-guinéenne et trouve la téte de moussa sow qui ouvre le score à la 50eme seconde dela parti , 1but à 0 pour le Sénégal. la guinée équatorial tente de se rattraper au plus vite avec un jeu sur les coté mais balboa trouve sur son chémin le latéral droit sénégalais laimine Gassama .aprés 10 minutes de jeu l’attaquant sénégalais mame birame diouf tente une frappe qui passe à coté , la réaction est immédiate le joueur équato-guinéen Ivan Ezono enchaine avec une réprise de volet à la 14eme minutes qui passe completement à coté des buts de abdoulaye diallo. les lions sur un bon rythme tente de salé l'addition mais le NZalang résiste aux multiples attaques , les lions continuent de pousser Gana gueye trouve un chemin est adresse une passe sublime a pape aliou ndiaye qui ete en position d'hors jeu .un aspect particulier est intevenu au cour du jeu avec le remplacement de lamine gassama par moussa wagué en première période sur une petite blessure .A la 40 eme minute henri saivet declanche une frappe qui passe a coté .le match devient un peu équilibré, des déchets technique de part est d'autre se font ressentir .le score restera ainsi jusqu'a la mi-temps.Au retour des vestiaire la guinée équatorial éffectue changement , le NZalang pousse pour revenir au score avec une échappée du coté droit suivi d'un centre et une téte manquée de l'attaquant équato-guinéen à la 64 minutes .A la 65 eme minutes changement du coté sénégalais le jeune joueur du fc Metz ismaila sarr prend la place de mame birame diouf . les lions dominateurs tentent de plier le match sur une action offensive le latéral gauche sénegalais adama mbengue déclanche une frappe à la 66 minutes dégagée en corner par le portier du NZalang. les lions seront en fin récompenser avec une trés belle action collective suivi d'une passe de Gana qui trouve moussa sow pour son doublé de la soirée à la 72 minute 2 but à 0.l'équipe du Sénégal tient bien son match , Henri saivet adresse une passe sublime à moussa sow qui ratte son face a face avec le portier équato-guinéen à la 81 minute .le NZalang tente de réagir mais sans suite , moussa sow cède sa place à babacar khouma à la 87eme minute,les lions multiplie les attaque et gana gueye réussit le 3eme but de la partie à la 91 minute sur une passe de babacar khouma 3 but à 0 .on restera sur ce score jusqu'au coup de siffler de l'arbitre .belle opération pour l'équipe du s'énégal qui place à la téte de son groupe devant le Madagascar qu'il retrouvera lors de la 2 eme journée .
lundi 6 février 2017
Idriss Deby s'insurge contre la politique de l'Occident

Idriss Déby Itno, président du Tchad, le 18 janvier, à N’Djamena. © Vincent Fournier/JA
Chaos en Libye, enjeux sécuritaires autour du lac Tchad, crise pétrolière ou encore franc CFA. Le président tchadien livre un état des lieux sans concession de son pays et des relations entre Europe et Afrique.
Vingt-six ans d’apprentissage, jusqu’au brevet de pilote militaire, vingt-six ans à la tête du Tchad et, entre ces deux quarts de siècle, onze années à faire la guerre contre Kadhafi d’abord, contre Habré ensuite : la vie d’Idriss Déby Itno se découpe en tranches distinctes reliées par un fil conducteur unique – le pouvoir, qu’il soit au bout du fusil ou au fond des urnes. L’homme de 64 ans qui nous rejoint en cet après-midi du 18 janvier pour une rare interview s’appuie sur une canne, accessoire récent mais épisodique puisqu’il repartira sans, y compris pour redescendre les marches du Palais.
Physiquement en forme donc, psychologiquement serein, assure-t-il, mais politiquement soucieux. Entre la chute des cours du pétrole qui met l’économie tchadienne à genoux, le front social qui craque sous les coups de boutoir des syndicats et les défis sécuritaires que font peser Boko Haram et le chaos libyen, on le serait à moins. À N’Djamena, où nombre de chantiers sont en panne sèche, où les grands hôtels sonnent creux, où les check-points se sont multipliés depuis les attentats terroristes de 2015, la vie quotidienne est dure, et le climat tendu.
As de la diplomatie militaire et maillon fort du dispositif antijihadiste mis en place au Sahel par la France et les États-Unis, avec qui il partage une communauté d’ennemis, « IDI » doit faire face à la plus grave crise financière qu’ait connue le Tchad depuis quinze ans. Il s’en explique ici, sans langue de baobab ; quitte à ce que ses propos ne fassent pas que des heureux – ce dont il ne semble pas se soucier outre mesure.
Jeune Afrique : Votre mandat de président de l’Union africaine (UA) s’achève avec le sommet d’Addis-Abeba. Mission accomplie ?
Idriss DÉby Itno : Ce n’est pas à moi de le dire, mais aux Africains. Ils jugeront si cette mission difficile, importante, complexe a été menée avec succès ou non. En ce qui me concerne, j’ai le sentiment d’avoir fait ce que j’ai pu et ce que j’ai dû.
Un peu de sens de la solidarité et du partage à l’africaine ferait beaucoup de bien à l’Europe. »
Parmi les dossiers non encore résolus que vous transmettez à votre successeur, celui de la Libye est sans doute le plus problématique. Considérez-vous que ce pays représente toujours une menace de sécurité majeure pour la région ?
La Libye de Mouammar Kadhafi a joué un rôle exemplaire dans la construction de l’unité africaine, et sa disparition a généré un grand désordre interne dont les Africains, comme chacun le sait, ne sont pas responsables. Résultat, un pays sans État où les gens s’entre-tuent et un incubateur du terrorisme et des trafics en tout genre. Depuis 2011, tous les pays voisins de la Libye pâtissent de cette situation, et les choses n’ont pas l’air de s’arranger. Les Occidentaux, qui ont jugé utile de ne pas associer les Africains à leur projet d’assassinat de Kadhafi, continuent de nous tenir à l’écart. Nous avons donc décidé, lors du dernier sommet de l’UA à Kigali, de mettre en place un comité ad hoc dirigé par le président Sassou Nguesso.
Le Tchad a décrété, début janvier, la fermeture de sa frontière avec la Libye. Pour quelle raison ?
Jusqu’à la fin de 2016, la zone d’activité des terroristes de Daesh était pour l’essentiel concentrée assez loin des 1 100 km de frontière commune, à Syrte et dans la région de Benghazi. L’intervention des forces spéciales occidentales contre Daesh à Syrte n’a pas réglé cette menace, elle l’a déplacée depuis la côte méditerranéenne jusqu’à la région de Koufra au sud, à 200 km du Tchad, où les terroristes se regroupent. D’où notre décision de fermer et de renforcer notre frontière en multipliant par deux nos effectifs sur zone, ce qui, soit dit en passant, implique un coût financier important qui s’ajoute à celui que le Trésor public supporte déjà depuis cinq ans, le tout dans un contexte économique pour le moins morose.
mercredi 16 novembre 2016
POURQUOI LA DEMOCRATIE A TOUT PRIX
Au nom de la démocratie, des familles se déciment. Des vies et des habitations se voient réduites en muettes. De gré ou de force tous les pays du globe plus particulièrement du tiers monde se voient imposer ce système politique.
Mais suite a une réflexion personnelle j'ai eu a remarquer que ce système renferme beaucoup de non-dits.
c'est pour cela que j'ai su prendre parti et me démarquer. Ainsi je suis sous une optique critique. Je fustige la manière dont la démocratie est conçu par l'occidentaux et la manière dont ils nous l imposent de grés ou de force. Sans oublier les méthodes et moyens déployés pour l'instauration de ce système dans l'espace tiers monde.
Subjectivement je m'en vais vous décortiquer le mot DEMOCRATIE. Ainsi je me vois scinder le mot en deux. Donnant ainsi DEMO et CRATIE
En analysant le mot démo sous l'angle informatique on parle de démo quant il s'agit d'un logiciel de démonstration. Le mot démo ainsi analyser ,on peut en déduire que la démocratie est un système imparfait un système de tâtonnement qui n'a pas dit ces mots. Ainsi pourquoi obliger a des pays faibles économiquement d'adopter un système imparfait alors on sait tous que l'expérience a démontrer qu'au lendemain des indépendances les pays qui ont eu a expérimenter ce model n'ont toujours pas pu sortir de l'ornière. Et malgré tout on continue a nous imposer ce model .Et nos dirigeants corrompus et collabos cèdent face a la pression des oligarques et lobbying étrangers en voulant ou plutôt en acceptant detranscrire aveuglement le model sans étude préalable sur l'impact que pourrait avoir l'application de ce modèle sur l'espace tiers monde.
Donc initier un nouveau mode de gouvernance est il pas une solution. Car depuis des décennies malgré le sang qui a couler et tous les populations des décennies de pratique ce model de gouvernance n'a toujours pas répondre a l'exigence et a l’espoir des populations qui voient toujours des disparités sur le plan du développement connaitre un écart considérable et inquiétant et fait qu'on peine toujours a sortir de l'impasse.
On parle du respect des droits de l'homme tout en oubliant que le respect des diversités culturelles devrait primer sur tout. Car on ne peut prétendre respecter l'homme tout en fustigeant reniant ou bafouant les pratiques et traditions ancestrales qui permettez moi de vous le rappeler est la première cause des guerres civiles et inter ethniques.il est a noter que l occident ne cesse d'ingérer et d'interférer dans nos pratiques. en nous proposons ou parfois même en nous obligeant a abandonner coûte que coûte certains de nos pratiques sous prétextes que ces arrières, barbares ou dépassés.
Il est à rappeler que dans la théologie Dieu fait savoir au peuple que tous les peuples auront les présidents qu'ils méritent. Donc pourquoi vouloir outrepasser la volonté divine qui a déjà tracer notre chemin et prédit notre destiné.
A ces questions jamais l'occident nous donnera de réponse crédible ou convaincante. Donc à nous jeunesses africains conscients et fier de soi de contre carrer leur système. Car toute la manigance occidentale pour l'implantation de la démocratie dans les pays du tiers monde se résume a la pérennisation de l'occidentalisme venant ainsi se substituer a l'impérialisme et au colonialisme.
dimanche 6 novembre 2016
Les Illiminati manipule le monde à leur merci !
Reveillons nous et faisons face car la fin est proche.
Il son au dernier chapitre de leur conspiration c'est à dire "L'ordre par le chaos"
lundi 31 octobre 2016
A la recherche de l’inconnu
L’idée d’animer un thème parlant de
spiritualité avec ses « vérités », ses « ambiguïtés » et ses
« paradoxes » m’a tout de suite emballée. Toute petite déjà je lisais
les livres de spiritualité qui embellissaient la bibliothèque de ma
maman.
Dix huit contributions plus tard, je dis
merci aux 16 auteurs qui ont répondu présent à l’aventure pour nous
livrer leurs histoires, leurs savoir-être, leurs techniques.
Mon conseil, si je puis me permettre,
c’est d’être ouvert à la nouveauté et de ne pas rejeter tout de go ce
qui vous semble étrange, nouveau ou différent. Un verset de la bible dit
ces mots plein de sagesse : » Examinez toutes choses, retenez ce qui
est bon ».
Au début de ce merveilleux voyage dans
ces différents blogs, je vous invite à lâcher prise pour faire un saut
dans le vide, laissez derrière vous vos à priori et vos préjugés et
profitez du paysage…
A la recherche de l’inconnu
Mes coups de coeurs : Parce qu’ils n’ont pas eu peur de se dévoiler…
Helene et son passage chaotique et drôle dans les sphères de termes qui vous marquent à vie Spiritualité au service de nos vies : évolution positive de soi ? « La « spiritualité » est le nuage qui vous enrobe chaque jour au petit matin, vous conduisant sur les chemins de vos destinées sans que vous vous vous en rendiez compte. »Taty Chantal qui s’insurge contre la religion manipulatrice et dévastatrice dans spiritualité et religions : « LA SPIRITUALITE, à l’inverse, est une démarche de l’Esprit de chacun d’entre nous visant à comprendre mieux nos mécanismes pour aller toujours vers une amélioration de notre qualité de vie (…) C’est vrai qu’elle peut malheureusement, comme toute chose en ce bas monde, être utilisée par certaines personnes de pouvoir à des fins sectaires. Mais ce n’est pas son fondement.
Mlle Christine dans une quête perpétuelle nous dit Parce que le bonheur est dans le parcours… « La vie spirituelle commence à partir du moment où nous découvrons que toute la réalité de nos actes réside dans les pensées qui les produisent. »
Katibel nous donne sa vision de l’ évolution de la spiritualité : « Dans cet Univers, je ne vois rien de spirituel mais j’y vois plutôt des forces énergétiques, physiques (…)Bien que je sois sceptique sur la spiritualité en dehors des religions, je recommande à tous de pratiquer la méditation, la sophrologie ou encore le yoga. Ce sont d’excellentes pratiques pour gérer le stress et l’anxiété. »
Norbert propose la spiritualité à la portée de tous en la résumant d’une belle façon : « Peu importe vos croyances, la meilleure formule et la plus simple à travers le monde et à travers toutes les sagesses est connue depuis de milliers d’années ! Connais-toi, toi-même et tu connaitras l’univers. »
Gaëlle et ses petits poulets guides spirituels, nous touche au plus profond : « Je vous avais déjà parlé, il y a quelques temps du chick’s time, cette activité passive physiquement que je pratiquais régulièrement avec les poussins pour me ressourcer. »
Les méditeurs: Techniques, idées, pratiques
Arnaud nous dit Explorons nos mandalas : « L’un des bénéfices majeurs est donc la souplesse. C’est la capacité à laisser passer rapidement une émotion négative lorsqu’elle se manifeste. »Johann nous donne un guide pour débuter dans la méditation : « Commencer la journée par une courte méditation change radicalement notre façon de vivre. Avoir l’esprit apaisé par ces quelques minutes de concentration nous permet de mettre en action notre génie et nos connaissances sans même en avoir conscience. »
Dorian nous donne 7 raisons d’être une personne spirituelle : « Peu à peu, la spiritualité nous pousse à nous poser des questions et à nous demander ce que l’on est venu faire par ici, sur cette belle planète. Et la magie peut opérer rapidement quand on se penche sur ces questions existentielles… »
Marie Pierre s’interroge : « la spiritualité peut-elle améliorer le bien être au travail ? De ce fait, la spiritualité influe sur la connaissance de soi car elle permet de s’ouvrir à soi-même pour aller chercher sa véritable nature. Nos qualités humaines, nos talents, notre potentiel et nos richesses existent en nous et ne demandent qu’à être exploités. »
Madeleine dans la spiritualité : une ressource inépuisable : « C’est un lien que je vis intérieurement à une Présence que je ressens comme plus grande que moi, qui m’accompagne dans mon écoute, qui me donne la capacité d’accueillir chaque personne en ce qu’elle vit. »
Marie Ayala nous demande être spirituel ou ne pas être ? Quesaco ? : « Et bien concrètement, c’est apprendre à lâcher nos peurs et nos croyances (qui ne sont qu’un amas de pensées avec lesquelles nous avons été conditionnés), poser notre regard différemment, s’ouvrir à l’infini des possibles, lâcher-prise du vouloir tout contrôler et revenir à soi ! S’autoriser à être « égoïste » pour son bien et le bien de tous ! »
Gaëlle nous entraine dans une expériences unique avec mon maître cheval : « Nous passons tête baissée, plongés dans nos pensées (plus ou moins agréables), devant toutes ces ressources et ces bonheurs pourtant à portée de main, sans y prêter attention. Nous passons en fait, souvent, à côté de la vie… à côté de NOTRE VIE. »
Les étymologistes : la définition dans toute sa grandeur
Guillaume nous donne une approche étymologique de Comment la spiritualité influe sur notre connaissance de soi « En philosophie, le mot « spiritualité » désigne la qualité de ce qui est « esprit », de ce qui est dégagé de toute matérialité. En théologie, ce mot désigne l’ensemble des croyances et des pratiques qui concernent la vie spirituelle. »Amandine s’interroge sur le sens profond de la spiritualité dans Qu’est ce que la spiritualité ? « Plus nous allons en nous-même, en reprenant le temps de se retrouver au calme, plus nous allons nous connaitre et plus nous allons élever nos vibrations. Nous sommes alors connectés à une énergie haute. »
Claude nous donne une définition originale du péché originel dans Adam et Eve et une spiritualité sereine sans culpabilité « En conséquence, le péché originel, c’est le fait même de nous couper de notre Sagesse Intérieure, et de la remplacer par un schéma rigide qui réglemente la « bonne » façon de vivre ; c’est cela qui est à l’origine de toutes nos difficultés, c’est ce qui nous fait « manquer les buts » qui nous rendraient heureux. »
Expériences avec l’eau delà : Histoire spéciale vécue
Elisabeth se dévoile longuement en trouvant que la spiritualité: « est »un bien gros mot pour une si belle expérience : « La notion de Dieu est universelle, elle n’appartient à personne, ni aucune religion. Tout d’abord il a été déesse mère, puis a régné sur tout un panthéon, enfin il est devenu célibataire, vieux et barbu …. pour arriver jusqu’au plus profond de chacun de nous dans une relation intime où chacun est libre de l’exprimer selon sa façon … »J’ai aimé ce voyage et j’ai également partagé ma vision des choses à travers un article où je me dévoile : le secret de ma force .
Et vous ? Quelle est votre expérience avec la spiritualité ?
vendredi 21 octobre 2016
Macky case ses partisans: La preuve
Les 150 membres du Haut Conseil des collectivités territoriales sont désormais connus. Après les 80 qui ont été indirectement élus, le président Macky SALL a signé le décret portant nomination des 70 autres membres de cette nouvelle institution. Une liste loin d’avoir été ficelée au hasard. D’abord, il y a ces responsables politiques bien connus du landerneau politique sénégalais pour avoir antérieurement, occupés des postes de responsabilités. C’est le cas des anciens ministres Aliou SOW, Landing SAVANE, Souty TOURE ; de Badara Mamaya SENE, Samba Bathily DIALLO, Aliou DIA, Me Ousmane SEYE etc. Ensuite, il y a les militants de l’APR qui foisonnent. Maël THIAM, administrateur du parti de Macky, Lala Aïcha FALL, présidente de la Coalition des Femmes Mackystes pour l’Emergence (COFEM). Il y a également les alliés avec Massène NIANG coordonnateur du Mouvement pour le socialisme et l’unité (MSU), Maguette THIAM ancien SG du PIT. Le président Macky SALL n’a pas non plus oublié les chefs religieux, les «citoyens ordinaires » comme il les appelait. Issa Laye THIAW, fils du Khalife des Layènes, Mamadou Mahmouth NIASSE, El had Moustapha GUEYE.
Mais le chef de l’Etat n’a pas griffonné des noms sans prendre en compte la capitale qui échappe à la mouvance présidentielle. En plus de Maël THIAM, de Samba Bathily DIALLO, le leader de l’APR a jeté son dévolu sur des responsables à même de tenir tête à Taxawu Dakar dans la capitale.
WALFnet






mardi 18 octobre 2016
La Russie et la Chine se préparent à une guerre – au seuil même de l’Amérique
La Fédération de Russie a effectué, du 5 au 10 septembre, l’un des plus grands exercices militaires jamais exécutés, «Caucase 2016». 120 000 soldats et officiers ont participé à cet exercice de défense. Selon l’agence Tass, tout cela a eu lieu dans le voisinage immédiat de la péninsule de Crimée. Il n’y aurait jamais eu plus de 12 500 participants à l’exercice en même temps, a annoncé le 9 septembre Valéry Guérassimov, chef de l’état-major général russe. Des représentants des ministères et des membres de la banque centrale russe y ont également pris part.
Guérassimov a décrit les manœuvres militaires comme un «entraînement militaire intensif». Il s’agissait d’un test difficile pour tous les gradés, qui a également mis les organismes de contrôle militaires à dure épreuve et testé leurs capacités de coordination des opérations des forces armées unies.
Un avertissement clair pour l’Occident
L’ampleur même de ces manœuvres et le choix de l’endroit peuvent être considérés, sans qu’on ait besoin de le souligner de façon explicite, comme un avertissement clair à l’Occident afin qu’il n’utilise pas la question de l’«annexion de la Crimée» et ne mette pas à trop rude épreuve la patience de la Russie dans le Donbass. On a appris en même temps la construction projetée jusqu’en 2018 d’une ligne de défense côtière à la pointe orientale de la Russie.
Une semaine avant le début de l’exercice militaire «Caucase 2016», le ministre russe de la Défense Shoigu a fait état de la création d’une unité spéciale dans la région de la Tchoukotka impliquant d’énormes dépenses en personnel et en matériel. La décision a été prise en 2015 et fait «partie d’un plan d’installation d’un système unifié de défense depuis la côte arctique au Nord jusqu’au territoire de Premorja au Sud». Le but en est de sécuriser les Iles Kouriles et la mer de Béring ainsi que d’assurer la protection des routes maritimes de la flotte dans le Pacifique et d’accroître la combativité de la marine nucléaire. Les nouvelles divisions doivent assurer la défense des régions très faiblement peuplées de la côte orientale de la Fédération de Russie.
Des divisions russes à la frontière orientale de la Russie
Le communiqué n’en dit pas plus. Par rapport à ces deux nouvelles, il est vraiment intéressant de noter que la Fédération de Russie adresse un message tout à fait clair à Washington. Jusqu’à présent, la Russie n’avait aucune division défensive côtière. Les frontières ouest de la Russie se trouvent sur le continent européen et du côté est, désert, il n’y avait aucune nécessité à défendre les côtes contre l’Alaska qui se trouve en face, elle aussi pratiquement déserte. Il n’y a aucune indication, ni sur ce à quoi une défense côtière orientale doit ressembler, ni sur son déploiement où sur l’armement prévu. Jusqu’à présent – à l’époque soviétique –, il y avait des forces navales en mer Baltique, dans l’océan Arctique, en mer Noire et dans le Pacifique assurant la défense des côtes russes. Pourquoi met-on alors en place des divisons terrestres entières le long des côtes?
Une division est une grande organisation de forces terrestres capable de mener un affrontement «interarmes», c’est-à-dire infanterie, génie militaire, défense NBC, blindés, service de santé, missiles et artillerie lourde … bref, tout l’attirail du «Grand Cirque». Dorénavant, plusieurs divisions seront installées le long de la côte orientale.
Pas plus de 90 kilomètres de l’Alaska
Un coup d’œil sur la carte, et on se rend compte que le point le plus avancé du nord-est de la Russie n’est séparé des Etats-Unis que par le détroit de Béring. Là, où il est le plus étroit, les deux superpuissances ne se trouvent pas à plus de 90 kilomètres l’une de l’autre. L’Alaska n’est qu’à un jet de pierre. Mais qu’y a-t-il en Alaska, à part des élans, des loups, des ours, des rennes et quelques villages?
Il y a déjà quelques bases militaires américaines pas tout à fait anodines, telle la base Elmendorf Air Force à Anchorage. C’est là qu’on trouve non seulement les derniers modèles d’avions de combat F-22-Raptor, capables d’en décoller pour intercepter les bombardiers stratégiques russes, mais aussi le Norad pour la zone d’Alaska, le Command of the 11th Air Army et Fort Richardson, avec la 4th Brigade Combat Team (parachutistes) de la 25e division d’infanterie.
Il y a déjà quelques bases militaires américaines pas tout à fait anodines, telle la base Elmendorf Air Force à Anchorage. C’est là qu’on trouve non seulement les derniers modèles d’avions de combat F-22-Raptor, capables d’en décoller pour intercepter les bombardiers stratégiques russes, mais aussi le Norad pour la zone d’Alaska, le Command of the 11th Air Army et Fort Richardson, avec la 4th Brigade Combat Team (parachutistes) de la 25e division d’infanterie.
Les avions de combat américain auraient à peine le temps de décoller en cas de guerre
Comme mentionné plus haut, les divisions pourraient aussi être équipées de missiles de différentes sortes. Dans l’une de ses analyses, l’analyste militaire Sergej Ischenko a remarqué que si la Russie installait le long de sa côte orientale des rampes de lancement mobiles pour le système de missiles balistiques à courte portée Iskander, les F-22-Raptors des Américains auraient à peine le temps de décoller pour intercepter les bombardiers russes. Comme nous l’avons appris avec le cas «Donald Cook» et d’autres démonstrations de force des Russes, ces derniers peuvent paralyser complètement l’électronique militaire américaine, ce qui se produirait très vraisemblablement également en Alaska, plongeant dans le noir tous les postes d’observation et d’alerte. «Tout comme au temps de la guerre froide, les troupes des bases militaires d’Elmendorf et de Fort Richardson iront se coucher chaque soir avec un mauvais pressentiment», résume Ischenko.
Avec les USA, la Russie applique ce qu’elle a dû elle-même supporter
La Russie applique à présent exactement ce qu’elle a dû elle-même supporter au cours des dernières années: les bases militaires et les troupes de la puissance adverse se resserrent sur les frontières des Etats-Unis. Là-dessus, comme l’a souligné le président chinois Xi Jinping lors du Sommet du G20 à Hangzhou: la Chine poursuivra avec confiance ses intérêts dans la mer de Chine méridionale. Celle-ci se situe juste au-dessous de la côte orientale de la Russie. Cela ne se présente pas très bien pour les Etats-Unis.
Cependant, il n’y a pas que les divisions de défense côtière dans la Tchoukotka et les côtes du sud vers la Chine. L’armée de l’air russe a construit dix bases aériennes dans l’Arctique. L’organisation russe pour les constructions spéciales (Spetsstroy) développe actuellement les installations d’infrastructure de ces bases militaires aériennes dans le grand Nord, en Extrême-Orient et en Sibérie pour 20 000 militaires, leurs familles et des employés civils du ministère de la Défense.
Selon un rapport du site Internet «The National Interest», les avions de combat des 10 bases de l’armée de l’air sont équipés du redoutable Vympel R-37 (missile air-air) à très haute portée et qui est en mesure d’abattre de manière ciblée les avions américains AWACS et C4-ISTAR; ils peuvent également se déplacer sur une si grande distance qu’ils sont inaccessibles pour les avions de combat américains qui doivent protéger les AWACS et les C4-ISTAR. Les avions de combat russes peuvent en outre abattre avec une très grande précision les avions ravitailleurs des Américains, ce qui, lors de l’explosion du chargement de kérosène hautement inflammable, rend obsolète la possibilité pour l’équipage de s’échapper en utilisant leurs sièges éjectables. Un tir réussi transforme immédiatement le chargement de kérosène volant en boule de feu.
Viennent en outre les missiles air-air Nivator KS-17 qui portent déjà parmi les Américains le nom d’AWACS-killers et atteignent sûrement leur but sur une portée de 400 kilomètres. Ce sont les missiles air-air les plus lourds et les plus destructeurs n’ayant jamais été construits. L’armée de l’air indienne en possède afin d’armer ses SU-30MKI-FIGHTERJETS russes.
1500 soldats d’élite russes en Bolivie
Le réarmement ne s’arrête cependant pas à la frontière nord-ouest de l’Amérique. Le 6 septembre, l’agence Tass a rapporté que la Fédération de Russie avait envoyé 1500 soldats d’élite, les Spetsnaz, pour action immédiate en Bolivie. Cette mesure faisait partie d’un accord sur la collaboration militaire signé entre la Fédération de Russie et la Bolivie et appliqué sur le champ. Il s’agit là également d’une avant-garde – qui ne devrait pas s’en tenir au nombre de 1500 – se rapprochant des frontières étatsuniennes. La Bolivie voit la Russie comme un pays fraternel, avec lequel elle entretient d’excellentes relations, a fait savoir le ministre de la Défense bolivien. De son côté, la Russie voit en la Bolivie un partenaire prometteur, a répondu avec bienveillance le ministre de la Défense russe Shoigu.
Pas de nouveau Brésil
L’empressement de la Bolivie à collaborer avec la Russie doit être vu dans un contexte de crainte de devenir le prochain Venezuela ou le prochain Brésil où les Etats-Unis provoqueraient désordres et renversements politiques. Au Brésil, où Washington serait derrière la destitution de Dilma Rousseff, dont le successeur au poste de président, Michel Temer, a, selon des informations de Wikileaks, travaillé de longues années comme informateur des services secrets américains contre son propre pays. L’article indique ensuite que Temer va nommer Goldman Sachs et le FMI pour gérer et diriger l’économie brésilienne.
Lors du renversement de Dilma Rousseff, Temer était soutenu par le sénateur Aloysio Nunes qui a œuvré pour la destitution de celle-ci. Une fois que le renversement a abouti, Nunes est allé trois jours aux Etats-Unis pour y rencontrer des représentants du gouvernement américain. Parmi ceux-ci, on trouvait aussi des membres du US-Senate Foreign Relations Committee, de l’Albright Stonebridge Group (Présidente: Madeleine Albright) et l’ancien ambassadeur américain au Brésil, Thomas Shannon. De plus, l’actuelle ambassadrice des Etats-Unis au Brésil Liliana Ayalde est une femme qui, selon Wikileaks, a déjà été impliquée dans la chute du gouvernement paraguayen.
Avion-espion américain au-dessus de la mer Noire
La Russie s’est justifiée du renforcement massif de ses efforts militaires – dirigés à l’évidence contre les Etats-Unis – par le survol de la mer Noire, d’un des avions-espions américains P8-Poseidon, ayant tenté de pénétrer la semaine dernière, avec son transpondeur éteint, dans l’espace aérien russe. Il a été intercepté par un SU-27. Le Pentagone s’est ensuite plaint de ce que l’avion de combat russe ait opéré des manœuvres dangereuses et s’est approché de l’avion américain à une distance de 10 pieds. La tentative de pénétrer dans l’espace aérien russe est contre toutes les règles internationales et, serait en outre le prolongement des agressions américaines délibérées du 1er août, lorsque les Etats-Unis ont fait voler le long de la frontière nord de la Russie plusieurs bombardiers stratégiques pouvant transporter des armements nucléaires.
Si l’on prend en compte également le fait – déjà mentionné plus haut – que la Chine a ouvertement montré sa disposition de s’opposer aux activités américaines dans la région, et l’armement qu’a développé la Chine, il en résulte une nouvelle image de la situation internationale.
Une nouvelle image de la situation internationale
Avec son missile PL-15, la Chine a plongé les instances dirigeantes de l’armée américaine dans la perplexité. Les AIM-120 AMRAAM des avions de combat américains, vieux de plusieurs décennies, ne peuvent plus tenir la comparaison. «Que pouvons-nous opposer à cette menace?» a demandé le général Herbert Carlisle, commandant de l’Air Combat Command. Et il a exigé: «Le PL-15 et la portée de ce missile … nous devons tout simplement être capables de le surclasser.» En outre, les Chinois ont également développé avec le Chengdu-J-20, un avion de combat furtif, efficace et ultramoderne. Les Chinois dissimulent certes de nombreuses données, mais il est clair pour les militaires américains qu’ils ont là affaire à un avion optimisé capable d’atteindre une vitesse élevée et de très grande portée. En armant ces avions de combat de missiles PL-15, les Chinois peuvent détruire les avions ravitailleurs américains ainsi que des navires de guerre. Cependant, afin de permettre les opérations aériennes des avions de combat américains F-22 en mer, trois ou quatre avions ravitailleurs doivent, selon un RAND-Briefing, décoller toutes les heures pour délivrer 2,6 millions de gallons de kérosène aux avions de combat. Cela, Pékin le sait aussi. Les avions Chengdu J-20 n’ont qu’à cibler – à distance sécurisée – les lourds et maladroits avions-ravitailleurs avec des PL-15 à grande portée pour les tirer comme des pigeons et paralyser l’armée de l’air américaine dans les eaux extraterritoriales de Chine et des côtes orientales de la Russie.
Les Américains doivent se faire à l’idée d’une guerre menée dans leur propre pays
Si la Russie y ajouterait encore sa capacité à éliminer le très complexe système électronique AEGIS des forces armées américaines, les Etats-Unis ne pourraient à moyen terme plus se permettre aucune épreuve de force avec la Chine et la Russie dans cette région. Il ne serait pas possible aux bombardiers américains de pénétrer profondément en Chine et en Russie pour détruire les grandes villes et les centres importants par des attaques à la bombe, pas plus que de mener des opérations d’engagement dans les zones côtières de la Chine et de la Russie. L’Amérique est en train de perdre sa souveraineté aérienne sur la mer de Chine méridionale, région de grande importance avec les itinéraires commerciaux mondiaux et perd aussi son influence sur les Etats riverains qui voient le champion jusqu’ici incontesté provoqué et mis à mal.
En revanche, la Russie et la Chine ont de bonnes chances d’affronter les Américains le long de leur côte occidentale sur leur propre sol, dans de très dures attaques aériennes. Privées de leurs systèmes d’alerte électroniques, que la Russie peut désactiver, les possibilités de la défense antiaérienne seront restreintes. En combat aérien, les missiles de grande portée russes et chinois sont supérieurs à ceux des Américains. Cette fois-ci, les Américains doivent se faire à l’idée d’avoir la guerre dans leur propre pays. Toute la côte ouest, jusqu’à loin dans l’arrière-pays, serait touchée. Si les Etats-Unis jouaient la carte du nucléaire, la riposte consisterait en au moins une bombe atomique sur une grande ville américaine de la côte ouest.
La tendance esquissée ici montre à l’évidence que la Chine et la Russie veulent le faire voir clairement aux Américains et sont décidées, le cas échéant, à mettre leurs plans en œuvre. Le peuple américain n’est cependant psychologiquement absolument pas préparé à un tel scénario catastrophe. Il y aurait une explosion de panique déclenchant une tourmente anti-gouvernementale. Les Etats-Unis ne seraient pas en mesure de mener une telle guerre plus de deux semaines. •
Par Niki Vogt – 13/9/16
Article original: http://quer-denken.tv/russland-und-china-bereiten-sich-auf-einen-krieg-vor-und-diesmal-direkt-vor-amerikas-haustuer/
Traduit de l’allemand par Horizons et débats
Sabra et Chatila, trente ans après
En septembre 1982, les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila situés à l’ouest de Beyrouth sont le théâtre d’un massacre perpétré par l’armée israélienne. Retour sur ces évènements qui couteront la vie à des milliers de personnes.
Le chef des catholiques, Benoît XVI, vient d’arriver à Beyrouth. Quand il a quitté l’aéroport, pour se rendre dans la capitale du Liban, il a emprunté la route parcourue, il y a tout juste trente ans, par un convoi de véhicules fournis par l’armée israélienne transportant des miliciens chrétiens membres des Phalanges libanaises. Comme eux, il a traversé le rond-point de l’ambassade du Koweit où se trouvait, juste à côté, un immeuble de 7 étages au sommet duquel l’armée israélienne, qui encercle les camps de Sabra et Chatila voisins, avait installé son quartier général. Comme eux, il a longé la cité sportive sous laquelle sont ensevelis des centaines de corps de Palestiniens.
Il est étonnant que la presse passe totalement sous silence que la visite du pape à Beyrouth coïncide avec le 30e anniversaire du massacre de milliers de Palestiniens vieillards, femmes, enfants dans les camps de Sabra et Chatila. Un massacre perpétré par les milices chrétiennes. Un massacre qui fut rendu possible grâce à la complicité active de l’armée israélienne. C’est dire la place insignifiante que le sort des Palestiniens occupe aujourd’hui dans la plupart des esprits occidentaux.
Devant une telle négation d’un passé qui, pour les Palestiniens et leurs amis, ne passe pas, il m’apparaît nécessaire, dans le cadre d’une indispensable lutte contre l’impunité des crimes de masse, de rappeler les faits tels qu’ils se sont déroulés il y a trente ans.
Le récit qui va suivre est le résultat d’une enquête effectuée entre 1999 et 2006. Je me suis rendu à quatre reprises au Liban. J’ai rencontré des survivants du massacre et des témoins occidentaux des évènements, en particulier du personnel médical de l’hôpital de Chatila. J’ai rencontré des journalistes et des chercheurs universitaires libanais et occidentaux. J’ai eu accès aux archives de plusieurs journaux libanais ainsi qu’à des documents confidentiels israéliens. J’ai relu le récit émouvant de Jean Genet, sur place quelques heures après les faits. J’ai lu tout ce qui a été publié sur le sujet au Liban, en France, aux Etats-Unis et en Israël. Les travaux sur l’origine d’Israël de ceux qu’on appelle les « nouveaux historiens israéliens », qui étudient les archives rendues publiques depuis 1978, ont été également très éclairants. Comme les travaux de la Commission MacBride sur les violations du droit international par Israël
Rappelons le contexte historique. En 1947, le peuple palestinien et les Etats arabes n’acceptent pas le plan de partage décidé à l’Assemblée générale des Nations Unies qui permet d’amputer la Palestine au profit de la création d’un Etat israélien. Car, contrairement à une propagande diffusée dans le monde entier par les organisations sionistes, la Palestine n’était pas « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Il y avait un million deux cent vingt-cinq mille Palestiniens sur cette terre en 1947.
Ce que nous apprennent les nouveaux historiens israéliens, c’est que leur pays est né d’un terrible nettoyage ethnique provoqué par la terreur suscitée par de multiples massacres de populations palestiniennes. Pour la seule période qui va de novembre 1947 à juin 1948, 400.000 Palestiniens fuient leur pays suite aux opérations de l’armée juive et des groupes terroristes juifs dont le tristement célèbre massacre de Deir Yassin, un Oradour palestinien. Une fois l’Etat d’Israël proclamé, son armée va poursuivre la même politique d’expulsion en application d’un programme appelé Plan Daleth. Un an après, il n’y a plus que 160.000 Palestiniens sur le territoire de l’Etat hébreux. Qui donc, sauf Hilary Clinton, blâmerait les Palestiniens d’appeler cette tragédie une catastrophe (Nakba, en arabe) ?
En 1948, ceux qui fuient vers le Liban, sont au nombre de 120.000. Ils seront rejoints en très grand nombre après la guerre israélo-arabe de 1967 et après l’expulsion de Jordanie de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) en septembre 1970. En 1982, année des massacres de Sabra et Chatila, ils sont environ 250.000 répartis dans 14 camps. Le camp de Chatila a été créé fin 1948. Celui de Sabra, contigu, en 1949. En 1982, ils comptent environ 90.000 habitants.
Au Liban, la guerre civile fait rage depuis 1975. Le pays est dans une situation chaotique. En schématisant une situation d’une extraordinaire complexité (les cinq communautés musulmanes : chiites, sunnites, druzes, ismaéliens, alaouites qui représentent 59 % de la population ; les chrétiens qui se composent de six communautés catholiques, de trois communautés orthodoxes, des assyriens, des coptes et des protestants qui forment ensemble 39% de la population du Liban), on peut indiquer que deux camps s’opposent : les chrétiens qui veulent le départ des Palestiniens et surtout des fedayins, les combattants de l’OLP et les musulmans qui les soutiennent.
Parmi les plus radicaux du côté chrétien, un parti politique très militarisé, les Phalanges (Kataëb, en arabe) créées en 1936 sur le modèle fasciste par Pierre Gémayel. Elles sont dirigées par son fils cadet Beshir qui a fédéré autour des Kataëb toutes les milices chrétiennes. Elles ont à leur actif un grand nombre de massacres de Palestiniens depuis le début de la guerre civile.
La Syrie, qui n’a jamais accepté la création du Liban, intervient directement en soutenant tantôt les uns, tantôt les autres. En Israël, Ariel Sharon est ministre de la Défense d’un gouvernement présidé par Menahem Begin, l’ancien chef du groupe terroriste responsable du massacre de Deir Yassin. Sharon a un passé militaire jalonné de son implication dans des massacres : à Qibya en Jordanie, au col de Mitla dans le Sinaï, dans la bande de Gaza,… Begin et Sharon partagent un rêve : détruire l’OLP dont le commandement et le principal des forces se trouvent au Liban, chasser la population palestinienne du Liban vers la Jordanie (avec ce slogan « La Jordanie, c’est la Palestine »), soutenir les forces politiques et militaires chrétiennes au Liban. Depuis 1976, Israël soutient des milices chrétiennes dans le sud du Liban, mais également les milices phalangistes au nord de Beyrouth. Armes et munitions sont fournies. Des unités phalangistes et des équipages de blindés sont formées en Israël. De multiples opérations sont conduites par la marine et l’aviation israéliennes contre des objectifs libanais. En réaction aux attaques palestiniennes à partir du Liban, Israël envahit le sud du Liban en mars 1978, mais doit se retirer trois mois plus tard sous la pression internationale.
Dès qu’il a été nommé ministre de la Défense en août 1981, Sharon a fait préparer un plan d’invasion du Liban. Celle-ci doit atteindre 4 objectifs : détruire l’infrastructure politique et militaire de l’OLP, provoquer le retrait des Syriens, protéger le nord d’Israël de toute attaque, établir une alliance avec les chrétiens en vue de la formation d’un gouvernement libanais qui signera la paix avec Israël.
A partir de janvier 1982, Sharon rencontre à dix reprises Beshir Gemayel. Ils se mettent d’accord sur la nécessité de faire partir les populations palestiniennes du Liban. Gemayel déclare : « il faudra plusieurs Deir Yassin ».
Le 6 juin, Israël envahit le Liban. La ville de Beyrouth et les camps palestiniens vont subir pendant les mois qui suivent des bombardements incessants. A la mi-juin Beyrouth est encerclée et à la fin du mois, Beyrouth ouest (où se trouvent les camps) est coupée du reste du pays.
Le 7 août, Philip Habib émissaire du gouvernement américain obtient, après de longues et difficiles négociations l’adoption par toutes les parties d’un plan qui prévoit
- l’évacuation des combattants de l’OLP vers d’autres pays,
- le désarmement de toutes les milices libanaises,
- l’interdiction de l’entrée des forces israéliennes dans Beyrouth ouest,
- la garantie américaine pour la sécurité des populations civiles palestiniennes restées dans Beyrouth ouest après le départ des combattants de l’OLP,
- la présence d’une force multinationale pour faciliter la réalisation du plan.
Philip Habib s’engage par écrit à ce que la population civile palestinienne ne soit pas inquiétée.
Le 21 août, alors que l’armée israélienne occupe les deux tiers du Liban, Sharon et Gemayel se mettent d’accord pour que les Phalanges nettoient les camps palestiniens. Le 23 août Beshir Gemayel est élu président de la République par le parlement libanais réuni dans un bâtiment gardé par l’armée israélienne. Il doit prendre ses fonctions le 23 septembre.
Alors que les contingents français, américains et italiens de la force multinationale se déploient, les combattants de l’OLP commencent à quitter Beyrouth par la mer. Le 30 août, Yasser Arafat et l’état-major de l’OLP s’en vont à leur tour. Le 1 septembre, l’évacuation de plus de 14.000 soldats palestiniens est terminée.
En violation du plan Habib, l’armée israélienne entre dans Beyrouth ouest le 3 septembre. Alors que la force multinationale doit rester à Beyrouth jusqu’au 26 septembre, les Américains se retirent le 10, les Italiens le 11 et, malgré l’insistance de personnalités libanaises, les Français partent à leur tour le 14.
Le 12, Sharon déclare « il reste 2.000 terroristes cachés dans les camps ». Le même jour, il rencontre Gemayel pour la dixième fois depuis janvier. Un accord formel est passé pour confier aux Phalanges le soin de nettoyer les camps et de créer les conditions qui inciteront la population civile palestinienne à fuir le Liban. Cet accord prévoit que les Phalanges agiront une fois Gemayel investi dans ses fonctions de président le 23 septembre.
Le 14 septembre, à 16H, une explosion détruit le quartier général des Phalanges où se trouve Beshir Gemayel. A partir de 18H, on observe à l’aéroport de Beyrouth, sous contrôle israélien, un pont aérien amenant soldats et matériel. A 20H30, Sharon et le chef d’état-major des forces israéliennes Rafael Eytan décident de faire entrer dans Beyrouth ouest les phalangistes dont le chef vient de mourir dans un attentat. Les massacres vont commencer.
Sabra et Chatila, peuplés de 90.000 civils, ont subi des bombardements répétés depuis l’invasion israélienne du Liban, le 6 juin 1982. Du 1 au 12 août, l’aviation israélienne largue des bombes à fragmentation. 20% des maisons sont totalement détruites et 70% sont très largement endommagées. Les deux hôpitaux ont été visés: l’hôpital Gaza, à la lisière Nord de Sabra et l’hôpital Akka à la lisière Sud de Chatila. Ces hôpitaux fonctionnent davantage comme des centres d’urgence. Dans le personnel, outre des Palestiniens et des médecins de pays du Proche-Orient et du Moyen-Orient, on trouve des chirurgiens, des médecins, des infirmier(e)s et des travailleurs sociaux d’Allemagne, de Finlande, de France, de Grande-Bretagne, d’Irlande, de Norvège, des Pays-Bas, de Suède, de Suisse et des USA.
La première partie de mon rappel des faits se termine le 14 septembre 1982 lorsque le chef des Phalanges chrétiennes libanaises est tué dans un attentat et que Sharon invite les Phalangistes à pénétrer dans Beyrouth ouest où se trouvent les camps.
Voici maintenant le récit de la première journée des massacres, le mercredi 15 septembre.
peu après zéro heure : le Premier Ministre israélien, Menachem Begin et le Ministre de la Défense, Ariel Sharon, décident de faire entrer l’armée israélienne dans Beyrouth ouest. Cette opération est baptisée « Cerveau de fer» [Moah Barzel, en hébreu]. Les ordres numérotés 1 à 5 fournissant les instructions pour l’opération sont diffusés entre 00 :20 le 15 septembre et 03 :00, le 16 septembre. Ils précisent que « seules les Forces de Défense Israéliennes (FDI) exercent une autorité sur les forces en présence dans la zone. » L’opération est officiellement motivée par « le souci d’éviter des effusions de sang et de maintenir l’ordre ».
3H30 : à Beyrouth, Eytan, chef d’état-major des FDI et Drori (commandant de la région militaire nord des FDI qui commande le corps expéditionnaire au Liban) fixent avec Fadi Frem, qui a remplacé Béchir Gemayel comme Commandant en Chef des Phalangistes et Elie Hobeika, chef du service de renseignements des Phalangistes, les modalités de l’opération de « nettoyage des camps » par les Phalangistes. Ceux-ci demandent 24 H pour se préparer. Un mémorandum établit que les Phalangistes vont agir seuls sous le commandement, c’est-à-dire sous la responsabilité et le contrôle, du Commandement Nord et de la 96e Division des FDI, commandée par Amos Yaron. Il spécifie que le contrôle porte sur la présentation et l’approbation des plans d’opération, sur les lignes de communication, sur les écoutes téléphoniques et sur la supervision des activités sur le terrain. Eytan demande qu’un officier de liaison phalangiste soit présent au poste de commandement avancé du brigadier-général Amos Yaron. Celui-ci est installé près de l’ambassade du Koweït, au sommet d’un bâtiment de 7 étages qui surplombe les camps de Sabra et Chatila.
5 H : la 96e Division des FDI pénètre dans Beyrouth Ouest par le Sud, en longeant les camps de Sabra et Chatila sur leur droite et leur gauche. L’autre division des FDI, commandée par Mordechai, pénètre Beyrouth par le secteur Est de la ville et se dirige vers la mer à travers les quartiers résidentiels de Hamra et de Mazraa. Ce faisant, Israël viole le cessez-le-feu du 13 août et le plan Habib auxquels Begin et Sharon ont souscrit. Des chasseurs-bombardiers effectuent des passages à basse altitude. Les FDI ne rencontrent qu’une faible résistance de la part des milices musulmanes et progressistes libanaises (Mourabitoun) et contrôlent rapidement quatre carrefours essentiels pour l’encerclement des camps de Sabra et Chatila : le rond-point de l’aéroport, le carrefour de l’ambassade du Koweït (à 200 m de l’entrée de Chatila), le rond-point Cola et le rond-point Chatila. Aucune résistance organisée n’est perceptible depuis les camps de réfugiés de Sabra et Chatila survolés à basse altitude par des avions de chasse israéliens. Seuls quelques jeunes hommes isolés font feu avec des armes légères sur les FDI. Les 2.000 « terroristes » supposés présents et équipés d’armes lourdes ne se manifestent nulle part…
8 H : Sharon arrive à l’aéroport de Beyrouth. Sur la route vers le rond-point de l’ambassade du Koweït, il est reconnu par des passants palestiniens et libanais.
9 H : sur le toit du poste de commandement avancé israélien, Sharon tient réunion avec Eytan, son adjoint Levi, Yaron, Saguy (directeur du renseignement militaire, l’Aman) et Avi Dudai, son aide personnel. L’ordre de faire entrer les Phalangistes dans les camps est confirmé. Sharon téléphone à Begin et lui annonce « nos forces avancent vers leurs objectifs ; je peux les voir de mes propres yeux ; le porte parole des FDI déclare : «il n’y a pas de résistance». Des chars israéliens tirent néanmoins sur les camps. Sharon, accompagné de Saguy, Navot (le numéro 2 du Mossad) et d’un représentant du Shin Beth (le FBI israélien), se rend ensuite au QG des Phalangistes, dans le quartier Karantineh. Il y rencontre, encore sous le choc de la mort de Béshir Gemayel, Fadi Frem, qui lui a succédé, Elie Hobeika en charge de l’opération dans les camps et Karim Pakradouni, porte-parole des Phalangistes. Ce dernier rapporte que Sharon les a harangués en disant : « Pourquoi pleurer comme des femmes ? Vous devriez vous venger comme des hommes. » Les chefs phalangistes se déclarent prêtes à réaliser ce qui avait été convenu avec Béshir Gemayel. Sharon confirme ce qui a été décidé un peu plus tôt avec Eytan et insiste sur la nécessité d’une action immédiate aux côtés des FDI. Parlant des « terroristes », Sharon déclare : « je ne veux pas qu’il en reste un seul ». Il conseille à ses interlocuteurs de prendre le contrôle de l’Armée libanaise.
11H : Sharon se rend à Bikfaya, toujours accompagné des mêmes personnes. En bras de chemise, il présente ses condoléances à Pierre et Amin Gemayel (le père et un frère du défunt) au moment où des F16 israéliens survolent le village. Il aurait, lors de cette rencontre, exprimé sa compréhension pour le désir de vengeance qui animerait les Phalangistes. Il demande que ce qui avait été convenu avec Béshir Gemayel soit maintenu, en particulier le rôle des Phalangistes à l’occasion de l’entrée des FDI dans Beyrouth-Ouest. Amin Gemayel confirme qu’il connaît les dispositions arrêtées avec son frère, le 12 septembre. Sharon insiste sur la nécessité d’une action immédiate afin « d’empêcher l’établissement de faits nouveaux. » Il rentre ensuite à Tel Aviv.
11H30 : à Tel-Aviv, Begin et Shamir, ministre des affaires étrangères, reçoivent Morris Draper, l’adjoint de Philip Habib, et lui annoncent l’entrée des troupes israéliennes dans Beyrouth ouest pour une opération préventive limitée. Il s’agit d’empêcher le désir de revanche des Phalangistes après l’assassinat de leur chef et la nécessité, à cette fin, de prendre le contrôle des endroits les plus stratégiques de la ville. Cette présentation incite les diplomates américains à conseiller aux autorités libanaises de ne pas impliquer l’Armée libanaise dans les opérations des FDI.
12 H : le premier blessé palestinien est amené à l’hôpital Gaza. C’est un civil. Il ne cessera plus d’en arriver jusqu’au samedi matin. 80% seront des femmes et des enfants, presque tous sont blessés soit par une arme blanche, soit par une arme à feu ; très peu par des shrapnels.
14 H : à Tel-Aviv, Sharon, à propos de la mort de Béshir Gemayel, diffuse un communiqué repris par Marcus Eliason, le correspondant d’Associated Press : « Le Ministre de la Défense Ariel Sharon, dans un communiqué, a lié l’assassinat à l’OLP, disant : « il symbolise la criminalité terroriste dont les mains des organisations terroristes de l’OLP et de leurs supporters menacent tous les gens de paix. » A Beyrouth, Yaron s’efforce d’obtenir la participation de l’Armée libanaise dans la prise de contrôle des camps de Beyrouth Ouest. Celle-ci refuse. L’entrée des FDI dans Beyrouth-Ouest rend impossible la poursuite de son déploiement. Les chars israéliens encerclent Sabra et Chatila et pointent leur canon vers les camps. La Cité sportive, qui borde les camps à l’ouest, est également investie et encerclée. Les points de passage sont contrôlés. Dans la ville, les milices musulmanes et de gauche sont désarmées les unes après les autres, sauf les Phalangistes, ce qui déstabilise totalement l’équilibre traditionnel des forces libanaises et constitue une violation du plan Habib. Une ambulance qui se dirige vers l’hôpital Gaza venant du Nord, essuie le feu des soldats israéliens.
17 H : des obus sont tirés sur les camps par les chars israéliens. Ce bombardement dure environ une heure. Des snipers israéliens lui succèdent. Les habitants des camps se sont enfermés chez eux ou dans des abris. 25 blessés sont amenés à l’hôpital Gaza. Personne ne peut entrer ou sortir des camps.
18 H : un groupe d’hommes armés, dont l’identité est inconnue à ce jour, opère à partir de ce moment dans les camps et élimine un certain nombre de personnes. Sa présence est confirmée par de nombreux témoins. Des membres libanais du personnel des hôpitaux Gaza et Akka signalent la présence de miliciens de Saad Haddad (le commandant d’une « armée du Liban sud » totalement au service des Israéliens) dans le sud de Chatila pendant la nuit de mercredi à jeudi.
dans la soirée : environ 300 personnes se réfugient à l’hôpital Akka
20 H : Drori demande au Colonel Michel Aoun, qui commande les unités de l’Armée libanaise à Beyrouth, d’intervenir auprès du Premier ministre du Liban pour que l’Armée libanaise participe à l’opération dans les camps. M. Shafik al-Wazzan, Premier ministre, refuse. Il ne veut pas que le gouvernement libanais et l’Armée libanaise soient «utilisés comme instruments de la politique d’Israël». L’Armée libanaise vient à peine de se reconstituer. Elle ne peut perdre la confiance des musulmans en se compromettant avec l’envahisseur. Drori rencontre une nouvelle fois les chefs phalangistes pour les informer que l’Armée libanaise ne participera pas au « nettoyage » des camps et pour s’assurer que les Phalangistes opèreront bien dès le lendemain. Il souligne l’importance d’une attitude disciplinée ne mettant pas en péril la sécurité des populations civiles des camps.
24 H : des fusées éclairantes sont tirées sporadiquement au dessus des camps par l’armée israélienne. Des tirs sporadiques sont entendus dans les camps. Peu à peu arrivent des blessés dans les deux hôpitaux qui bordent les camps.
JEUDI 16 SEPTEMBRE 1982
5H30 : des avions de chasse israéliens survolent les camps à basse altitude.
6 H : des tirs sont entendus à l’intérieur du camp de Sabra, près de l’hôpital Gaza. De nouveaux blessés arrivent à l’hôpital Gaza. Les chars israéliens bombardent Chatila, en particulier la partie sud-est du camp appelée Horch Tabet, qui est boisée.
8 H : une accalmie est perceptible à l’intérieur des camps, comme si ceux qui opéraient pendant la nuit s’étaient retirés. Peu après, l’Etat-Major des FDI lance l’ordre n° 6 : «Il est interdit d’entrer dans les camps de réfugiés. Le ratissage et le nettoyage des camps seront effectués par les Phalangistes et l’Armée libanaise. » La radio israélienne diffuse un reportage enregistré la veille depuis l’aéroport de Beyrouth dans lequel un officier phalangiste explique au journaliste israélien la route que ses hommes vont prendre pour rejoindre les camps avec comme objectif de « tuer les terroristes. »
8H30 : une vingtaine de femmes et d’enfants, portant des drapeaux blancs, tentent de sortir de Sabra par le nord. Ils sont refoulés par les soldats israéliens.
10 H : à Tel-Aviv, Eytan fait rapport à Sharon des opérations en cours à Beyrouth ouest : la ville tout entière est sous le contrôle des FDI ; les camps sont bouclés et encerclés. L’ordre règne à Beyrouth ouest. Sharon confirme sa décision de faire entrer les Phalangistes dans les camps.
11H20 : : un porte-parole des FDI déclare : « Les FDI contrôlent tous les points névralgiques de Beyrouth Ouest. Les camps de réfugiés qui abritent des concentrations de terroristes restent encerclés et fermés » ; le contrôle total de Beyrouth ouest par les FDI est effectif. Un couvre-feu illimité est imposé par les troupes israéliennes. Pour la première fois, l’armée israélienne occupe une capitale arabe ; la justification a changé : le porte-parole de l’armée israélienne déclare que celle-ci a pénétré dans Beyrouth ouest pour la « nettoyer » des Palestiniens qui y sont cachés et des milices libanaises de gauche. Les troupes israéliennes entrées dans Beyrouth ouest la veille par le passage du Musée contrôlent toute la Corniche Mazraa jusqu’à la mer, isolant du reste de Beyrouth le quartier Fakhani et les camps. Les Phalangistes installent un QG, dans un bâtiment de l’ONU et dans un autre qui appartient à l’Université (Faculté des sciences économiques), en face de l’ambassade du Koweït et à 150 m. du poste de commandement avancé de la 96e Division des FDI. La coordination avec le général Amos Yaron est établie en la personne de Jesse Sokar, officier de liaison phalangiste. Des snipers israéliens, postés sur les hauteurs qui entourent les camps, tirent depuis deux heures sur tout ce qui bouge.
à partir de 13 H : alors qu’aucune action armée ne se manifeste à partir des camps, pendant cinq heures, ils subissent un bombardement intense de l’artillerie et des blindés israéliens à partir des avenues qui les surplombent à l’ouest comme à l’est. Les chars en position derrière des monticules de terre et de gravas en face de l’ambassade du Koweït et d’autres postés le long de la Cité sportive tirent à bout portant sur les camps, concentrant leurs feux sur la partie sud de Chatila (quartier de Horch Tabet). Il n’y a aucune réaction armée provenant de Sabra et Chatila.
14 H : cinq hommes, doyens du camp fort respectés, se réunissent et constituent une délégation qui se dirige peu après, munie d’un drapeau blanc, vers les positions israéliennes. Selon un témoin ayant participé à la réunion, ils avaient l’intention d’expliquer aux Israéliens qu’il n’y avait pas de combattants, ni d’armes dans les camps. On retrouvera, près de l’ambassade du Koweït, les corps sans vie de Abou Ahmad Saïd (65 ans), Abou Soueid (62 ans), Abou Mohammed al-Berouani (60 ans) et Abou Mohammed Hechmé (64 ans). Quant au 5e, Abou Kamal Saad, il a disparu. Le bouclage des camps est effectué par des troupes israéliennes. Tous les « check points » sont sous leur contrôle.
15 H : à l’aéroport de Beyrouth, totalement contrôlé par l’armée israélienne, se regroupent des miliciens venus des environs de Beyrouth, mais également de Damour, Saadiyat et Nameh (trois localités où les Palestiniens ont massacré des civils en 1976), d’où ils ont été amenés et rassemblés à Shueifate, sous les ordres de Joseph Edde, un commandant de l’ALS. Des miliciens descendent d’un C130 Hercules israélien. Au même moment, une troupe de l’ALS, qui avait suivi les FDI depuis le sud du pays, arrive à l’aéroport.
16 H : le général Drori et 3 officiers israéliens se rendent au QG des Phalangistes dans le quartier Karantineh et rencontrent Fadi Frem et Elie Hobeika pour coordonner et terminer la préparation de leur action dans les camps. Ils fournissent des photographies aériennes des camps. Frem et Hobeika disent tous deux qu’il y aura « kasach » (mot codé en usage au Liban qui signifie écraser, raser, découper). Ils informent Drori que c’est Hobeika qui dirigera les opérations. Peu après, quelques centaines de Phalangistes font mouvement, en jeeps et camions, depuis l’aéroport vers les camps. Ils sont accompagnés d’une cinquantaine de soldats de l’ALS. Une signalisation particulière, formée par un cercle dans lequel sont dessinées les lettres MP – signifiant « meeting point » – insérées dans un triangle, trace leur itinéraire. Des engins blindés israéliens les encadrent. La télévision israélienne montrera le convoi passant des « check points » israéliens lors de son émission d’information du samedi soir .
17 H : à Tel-Aviv, Morris Draper, l’adjoint de Habib et Sam Lewis, l’ambassadeur US au Liban, rendent visite à Sharon, Eytan et Saguy. Ils déplorent l’entrée des FDI dans Beyrouth ouest et la transgression du plan Habib par Israël. Ils apprennent et désapprouvent l’entrée prochaine des Phalangistes dans les camps. Sharon affirme qu’il possède la liste des noms des « terroristes » restés à Beyrouth ouest et que les FDI doivent s’en occuper elles-mêmes. Eytan lui coupe la parole pour revenir sur la nécessité d’empêcher un bain de sang. Sam Lewis reproche également la violation du plan Habib. L’entretien est très orageux.
vers 18 H : un groupe de femmes et d’enfants, Libanais et Palestiniens, sortent de l’hôpital Akka, en bordure de Chatila, et demandent aux Israéliens de cesser les bombardements et les tirs de snipers. Ils sont refoulés vers Chatila par des soldats qui font ensuite rapport à leur hiérarchie. Sans suite.
18 H : Drori téléphone à Sharon : « Nos amis entrent dans les camps. J’ai coordonné leur entrée avec leurs chefs. » Sharon répond : « Félicitations. L’opération de nos amis est autorisée. » Environ 150 Phalangistes se présentent devant les accès sud et ouest du camp de Chatila. Les soldats israéliens ont reçu l’ordre de les laisser entrer. Ils sont accompagnés par des miliciens de l’ALS. Les Phalangistes sont sous les ordres de trois commandants : « Michel », « Maroun » et « Paul ». Ils sont munis d’armes à feu, mais également de haches et de couteaux. Les massacres commencent. Des officiers FDI, du haut du poste de commandement avancé, suivent les opérations dans les camps. Peu après, une femme se présente à l’hôpital Akka et annonce : « des Kataëb ont pénétré dans les camps pour massacrer les gens. ». Des blessés affluent à l’hôpital Gaza. Quelques jeunes Palestiniens, seulement équipés d’armes légères et de quelques roquettes antichars (RPG), tentent de résister.
peu avant 19H : soit moins d’une heure après l’entrée des milices chrétiennes dans les camps, le Lieutenant Elul, un des officiers d’ordonnance de Yaron entend Hobeika recevoir un message lui demandant ce qu’il doit faire avec une cinquantaine de femmes et d’enfants capturés. Hobeika répond : « C’est la dernière fois que tu me demandes cela. Tu sais ce que tu dois faire. » Elul fait rapport à Yaron.
19 H 15 : à la demande de l’officier de liaison phalangiste Jesse Sokar, l’armée israélienne tire des fusées éclairantes au rythme de 2 par minute au moyen de mortiers IDS de 81 mm. Plus tard dans la nuit, l’éclairage nocturne des camps se fera également par hélicoptères. Tous les témoignages rapportent qu’on y voyait comme en plein jour. Un groupe de femmes se dirigent vers des sentinelles israéliennes et expliquent que des massacres sont en cours. Elles sont refoulées. Michel Gerti, journaliste au Ha’aretz, est approché par des soldats israéliens qui lui rapportent ces faits et d’autres similaires. Ils disent qu’ils ont fait rapport et qu’on leur a répondu chaque fois « Tout va bien. » A l’hôpital Gaza, on dénombre déjà plusieurs morts.
19H30-23H30 : à Jérusalem, réunion du Cabinet. Trente-six heures après le début des opérations, Sharon annonce et justifie l’opération « Cerveau de fer » par la nécessité pour les services de sécurité israéliens de trouver les 2.000 « terroristes » restés dans Beyrouth ouest après le départ de l’OLP. Il indique que l’opération consiste essentiellement à prendre le contrôle de 16 points stratégiques de Beyrouth ouest en particulier pour s’assurer le contrôle des « camps de terroristes. » Il signale que l’opération met en œuvre tous les éléments des services de sécurité. Il annonce l’entrée des Phalangistes dans Chatila sans préciser le rôle des FDI. Il indique que les services de sécurité israéliens sont en train de rechercher les « terroristes » dans Beyrouth. Il explique que l’Armée libanaise ne voulait pas obéir à Béshir Gemayel aussi longtemps qu’il n’était pas investi dans ses fonctions et qu’elle attendra les ordres d’un nouveau président avant de sortir de ses casernes. Eytan confirme que la capitale libanaise est entièrement sous le contrôle des forces israéliennes. Il certifie que l’action des Phalangistes est sous le contrôle complet des FDI qui ont arrêté la mission des Phalangistes, définit le mode d’opération, établit les paramètres des opérations techniques et le timing de l’opération. Des capacités d’écoute ont été mises en place sur les lignes des unités opérant dans les camps ainsi que sur la ligne de l’officier de liaison phalangiste. Appelé à donner son avis sur les répercussions de l’assassinat de Bschir Gemayel, Eytan, sans se rendre compte qu’il contredit les assurances données antérieurement à propos des Phalangistes, déclare : « Il va y avoir une convulsion comme on en n’a jamais vu avant. Je peux déjà voir dans leurs yeux ce qu’ils attendent de faire. » Seul le ministre David Levy exprime des craintes à propos de l’entrée des Phalangistes dans les camps, mais ne s’oppose pas à la décision. Le Cabinet publiera le lendemain sa justification de l’entrée dans Beyrouth ouest : « Suite à l’assassinat du Président-élu Béchir Gemayel, les FDI ont pris position dans Beyrouth ouest en vue de prévenir tout danger de violence, de bain de sang et d’anarchie, alors qu’environ 2.000 terroristes, équipée d’armes lourdes et modernes, sont restés dans Beyrouth ouest violant ainsi de manière flagrante l’accord relatif à l’évacuation. »
entre 20 H et 20 H 30 : un message en provenance des camps demande à Jesse Sokar, l’officier de liaison phalangiste, ce qu’il faut faire avec 45 hommes capturés. Sokar répond : « Fais la volonté de Dieu». Un peu plus tard, Sokar, dans le mess du poste de commandement avancé, raconte que « jusqu’à présent, 300 terroristes et civils ont été abattus. » Peu après, il revient sur ce chiffre et annonce que le nombre de victimes est de 120.
20 H 40 : Yaron procède à un point de la situation avec ses officiers. Un rapport lui est présenté par un officier de l’AMAN : « on a l’impression que le niveau des combats est très faible à l’intérieur des camps » ; « ils n’ont eu que deux blessés légers » ; « d’une part il n’y a manifestement pas de terroristes dans les camps, Sabra est vide, et d’autre part ils ont rassemblé des femmes, des enfants et sans doute des vieilles personnes et ne savent pas quoi faire avec eux. » Lorsqu’un officier de renseignement demande s’il n’y a pas de dangers pour les civils, Yaron répond : « cela ne va pas les mettre en danger. » Dans les deux hôpitaux, les blessés ne cessent d’affluer depuis 20H. Les patients, une majorité de femmes et d’enfants, sont blessés par balles à la tête, à la poitrine, à l’estomac. Certains sont blessés à l’arme blanche. D’autres, plus rares, ont été blessés par des shrapnels. Dans le même temps, plus de 1.000 personnes se réfugient à l’intérieur et aux alentours de l’hôpital Gaza. Elles se lamentent en criant « Haddad, Kataeb, Israël. » A l’hôpital Akka, 500 personnes se sont réfugiées dans les abris.
22H12 : la radio des FDI annonce que les FDI ont confié aux Phalangistes le soin de « purger » les camps. Les FDI poursuivent l’éclairage nocturne des camps en tirant toutes les deux minutes des fusées éclairantes.
22H30 : l’officier du AMAN auprès de Yaron téléphone à Aley, où se trouve le QG avancé de Drori, et fait part des propos tenus par Jesse Sokar. Son collègue du AMAN lui répond de procéder à des vérifications.
23H10 : l’officier du AMAN à Aley informe le QG du AMAN à Tel-Aviv et demande que Saguy soit averti. Le Jerusalem Post reçoit un cable annonçant l’exécution de 300 civils par des Phalangistes opérant dans les camps.
VENDREDI 17 SEPTEMBRE 1982
A plusieurs reprises, pendant toute la nuit, des réfugiés s’approchent des soldats israéliens stationnés en bordure des camps pour leur expliquer ce qui se passe. Une unité médicale israélienne reçoit même la visite de blessés, dont un bébé de 9 mois qui a reçu une balle dans le dos. Des soldats israéliens entendent les hurlements des victimes. Chaque fois, des rapports sont envoyés à la hiérarchie des FDI. L’éclairage des camps pendant la nuit est à ce point intense qu’il suscite les questions de journalistes auxquelles le porte-parole de l’armée israélienne refuse de répondre. Pendant cette même nuit, des discussions ont lieu sur le toit du poste de commandement avancé israélien entre le Lieutenant-Colonel Bezalel Treiber, officier en charge des opérations de la 96eDivision et Jesse Sokar d’une part et entre Amos Yaron et Elie Hobeika d’autre part, à propos du comportement des Phalangistes à l’égard des civils palestiniens.
5H30 : à Tel-Aviv, au QG du AMAN, le Lieutenant-Colonel Moshe Hebroni, officier d’ordonnance de Saguy, prend connaissance du rapport relatif aux 300 tués dans les camps. Ce rapport est remis à ce dernier une heure plus tard.
6H : quand le jour se lève, les amoncellements de cadavres sont parfaitement visibles depuis les positions israéliennes autour des camps.
7H30 : Moshe Hebroni transmet le rapport sur les 300 personnes tuées à Avi Dudaï, secrétaire de Sharon.
7H50 : A Tel-Aviv, Ze’ev Schiff, le spécialiste militaire du quotidien israélien Ha’aretz, est informé qu’un massacre a lieu dans les camps. Il tente de vérifier l’information auprès de plusieurs contacts au sein de l’Etat-Major général, mais en vain. Uri Avneri, président du Conseil pour la Paix Israël-Palestine, publie un communiqué accusant Sharon de vouloir, sous couvert d’une opération militaire, détruire les camps de réfugiés de Beyrouth ouest comme cela a été fait dans le Sud Liban près de Tyr et de Sidon.
8 H : dans le quartier de Chiyah, à l’est de Chatila, des habitants libanais déclarent que les soldats de l’ALS contrôlent chaque carrefour ; un grand nombre de soldats et d’officiers israéliens qui encerclent les camps sont informés des massacres en cours : ils ont reçu de multiples indications de la part de témoins et ils peuvent, par eux-mêmes, observer ce qui se passe dans les camps et voir les cadavres qui s’entassent ; le lieutenant Grabowski est personnellement témoin du massacre d’un groupe de femmes et d’enfants. Lorsqu’il demande à un milicien pourquoi les chrétiens tuent des femmes et des enfants, il lui est répondu : « Les femmes donnent naissance à des enfants et les enfants deviennent des terroristes. » Lorsque Grabowski veut faire rapport, il en est dissuadé par ses soldats qui ont entendu le commandant du bataillon répondre à d’autres rapports du même genre « Nous savons, cela ne nous plaît pas, n’intervenez pas. »
Les troupes israéliennes achèvent le quadrillage de la ville et entament une chasse à l’homme. Les rafles de militants de gauche libanais et de civils palestiniens suspectés d’être des cadres de l’OLP se multiplient. Les 200 Palestiniens arrêtés sont conduits au stade de la Cité sportive qui borde Chatila où ils retrouvent ceux qui y ont été amenés des camps voisins par les Phalangistes. Ceux-ci procèdent à un tri, puis, en présence de soldats israéliens, soit exécutent, soit conduisent leurs prisonniers vers des destinations inconnues.
9 H : Haddad arrive à l’aéroport de Beyrouth et se rend à Bikfaya. Un responsable du CICR à Beyrouth, Peter Cume, téléphone au représentant du Ministère israélien des affaires étrangères à Beyrouth et signale que la veille en soirée, un millier de personnes s’étaient réfugiées à l’hôpital Gaza . Devant l’hôpital Akka, un soldat israélien remet à une jeune infirmière palestinienne de 19 ans, Intisar Ismail, une note qu’elle devra donner aux soldats qui vont venir contrôler les occupants de l’hôpital.
10H20 : des miliciens, s’exprimant avec un fort accent du Sud-Liban, approchent de l’hôpital Akka. Un médecin palestinien, le Dr Sami et des collègues sortent de l’hôpital munis d’un drapeau blanc. Les miliciens lancent une grenade sur le groupe qui tue trois personnes. Intisar Ismaïl remet aux miliciens la note donnée peu avant par le soldat israélien. Elle est immédiatement emmenée dans les sous-sols de l’hôpital où elle est violée à de multiples reprises avant d’être martyrisée au point que seule sa bague permettra de l’identifier.
10H45 : une voiture de l’ambassade de Norvège parvient aux abords de l’hôpital Akka et conduit le personnel norvégien au CICR, à Hamra, un quartier de Beyrouth Ouest. Une assistante sociale de cette équipe parvient, dans l’après-midi, à se rendre à l’hôpital Gaza et à expliquer que le personnel libanais et palestinien est en danger.
11 H : Schiff fait part de ses informations à Mordechai Zipori, Ministre des Communications, qui les transmet au Ministre des Affaires Etrangères, Yitzhak Shamir. Celui-ci n’y donne aucune suite. A Beyrouth, au poste de commandement avancé des FDI, Drori entend un rapport de Yaron qui exprime son « malaise » (an uneasy feeling ») à propos du comportement des milices chrétiennes. Tous deux décident d’ordonner aux Phalangistes de cesser toute activité et de rester sur place. Yaron transmet aux Phalangistes l’ordre de cesser les opérations et de quitter les camps le lendemain matin à 5 H., mais il fournit en même temps de nouvelles cartes et photos aériennes à Fuad Abu Nader, officier phalangiste en charge des opérations qui vient lui annoncer qu’une seconde force est prête à opérer dans les camps. Drori informe Eytan que les Phalangistes « ont été trop loin». Eytan annonce son arrivée à Beyrouth. Des journalistes tentent d’entrer dans Chatila et sont refoulés par les Phalangistes.
13 H : avec l’accord de Yaron, qui revient ainsi sur ses instructions de 11 H, des jeeps emmènent 150 phalangistes de l’aéroport aux camps. A peu près au même moment, entre 400 et 500 personnes ont réussi à s’échapper de Sabra et à se cacher dans une école en bordure de la Corniche Mazraa où les FDI ont installé leur périmètre Nord de fermeture des camps. A Tel-Aviv, le Lieutenant-Colonel Reouven Gay, directeur du département de la sécurité nationale au Ministère de la Défense, téléphone à Avi Doudai, secrétaire particulier de Sharon pour l’informer des massacres. A cette heure, il est certain que le cabinet du Ministre de la Défense est informé des massacres. Ce qui ne suscite aucune réaction.
15 H : Drori intervient une nouvelle fois et sans succès auprès de l’Armée libanaise pour obtenir sa participation à la prise de contrôle des camps. A l’aéroport de Beyrouth, Ron Ben-Yishai, journaliste, correspondant militaire de la télévision israélienne, qui a observé les mouvements de troupes phalangistes et entendu de leur part, avec force gestes à l’appui, leur volonté de tuer sans pitié les habitants des camps, apprend d’un officier israélien que des massacres ont déjà été perpétrés. Il filme les deux régiments phalangistes qui se préparent à partir pour les camps. Ses images seront diffusées sur la télévision israélienne le samedi soir.
15H30 : Eytan arrive à l’aéroport de Beyrouth où il fait le point de la situation avec Drori. Ils sont rejoints par Yaron. Eytan ne réagit pas aux rapports qui lui sont faits sur ce qui se passe dans les camps.
vers 16 h : la diplomatie américaine à Beyrouth et Tel-Aviv est informée par des journalistes de la présence des Phalangistes dans les camps. Un peu plus tard, contacté par Morris Draper, Amin Gemayel confirme et annonce le départ prochain des Phalangistes hors des camps. Au carrefour de l’ambassade du Koweït, un officier israélien explique au correspondant de l’Agence de presse Reuters, Paul Eddle, que « l’armée israélienne ne doit pas s’impliquer, mais que les camps doivent être purifiés». Le journaliste du Time Magazine Robert Suro constate qu’il n’y a aucune riposte venant des camps aux tirs des chars et des soldats israéliens. Il observe des miliciens phalangistes approvisionnés en nourriture par des soldats israéliens. Peu après, ces journalistes sont chassés du carrefour de l’ambassade du Koweït par les FDI. Les pellicules des photographes sont saisies.
16H30 : au QG des forces phalangistes, à la Karantineh, Eytan, Levi, Drori et Yaron font, dans la bonne humeur, le point des opérations avec le commandement des Phalangistes (Fadi Frem, Zahi Bustani, Fuad Abu Nader, Joseph Abu Halil et Elie Hobeika). Eytan « exprime son impression positive du comportement des forces phalangistes sur le terrain » et n’évoque pas ce qui lui a été rapporté à propos des exactions des milices chrétiennes. Au contraire, il exprime sa satisfaction. Selon certaines sources, il aurait même adressé ses félicitations. En tout état de cause, avec les encouragements du Mossad, Eytan autorise le maintien des Phalangistes jusqu’au lendemain 5H. Bien plus, il marque son accord sur l’entrée de nouvelles troupes phalangistes et accède à la demande de jeeps supplémentaires et de bulldozers. Il n’est plus question de l’ordre donné à 11 H, le même jour.
17H45 : la colonne des deux régiments phalangistes, complétée de bulldozers, entre dans les camps et massacre un groupe de femmes et d’enfants qu’elle croise dès son arrivée. Les bulldozers commencent à détruire des maisons ; du personnel médical évacué de l’hôpital Akka peut les voir en train de pousser des cadavres. Au même moment, les 400 à 500 personnes qui s’étaient réfugiées dans une école près de la Corniche Mazraa apprennent que des miliciens de Haddad avancent dans leur direction. Prenant peur et arborant un drapeau blanc, ils se dirigent vers les lignes israéliennes. Comme le passage leur est interdit, ils protestent. Avec l’appui d’un char et en les menaçant de leurs armes, les FDI les refoulent vers Sabra. Un infirmier pakistanais, qui se trouvait au 5e étage de l’hôpital Gaza est abattu par les balles d’un sniper. Suite aux informations données par l’assistante sociale norvégienne de l’hôpital Akka évacuée le matin, le personnel libanais et palestinien de l’hôpital Gaza est invité à quitter la zone aussi vite que possible. Eytan quitte Beyrouth pour sa ferme en Galilée où il va fêter le nouvel an juif.
18 H : Yaron est informé par le Colonel Yair, commandant la brigade de para-commandos que des femmes et des enfants s’enfuient des camps par le Nord et font état de massacres et d’atrocités. D’autres rapports signalent que les Phalangistes emmènent des hommes, des femmes et des enfants, par camions, hors des camps. Yaron ordonne que les Phalangistes restent dans les camps jusqu’à leur départ, le lendemain à l’aube. Morris Draper fait part au représentant du Ministère israélien des Affaires étrangères à Beyrouth de la protestation du Premier ministre libanais, M. Shafik al-Wazzan, à propos d’exactions commises par des Phalangistes dans Beyrouth ouest.
21 H : Sharon, qui s’est retiré dans sa ferme dans le Negev, reçoit un appel de Eytan. Selon Sharon, Eytan lui aurait dit que les Phalangistes « sont allées trop loin. » Selon Eytan, il a seulement signalé que la mission des Phalangistes était terminée. Les deux sont d’accord pour reconnaître qu’Eytan a indiqué que les Phalangistes devaient quitter les camps le lendemain à 5H.
21H50 : Sharon reçoit un appel de l’officier de garde au Ministère de la Défense. Il lui est annoncé que des soldats de l’ALS se trouvent à Beyrouth ouest et que deux d’entre eux ont été tués par des soldats des FDI en bordure de Chatila. Il ne réagit pas. Au contraire, il considère que les FDI ayant fait preuve de fermeté avec des soldats alliés, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
23H30, Saron reçoit de Beyrouth un appel de Ron Ben-Yishai qui lui rapporte des relations d’officiers israéliens relatives à des massacres de civils dans les camps. Il ne réagit pas.
SAMEDI 18 SEPTEMBRE 1982
Pendant cette troisième nuit de terreur, dans les camps, des bulldozers ont rasé des maisons avec leurs habitants déjà massacrés ou encore en vie. Ils se sont employés à rendre un maximum de maisons inhabitables. A l’aube, ils ont commencé à creuser des charniers.
5H : le délai fixé par Yaron pour le départ des massacreurs n’est pas respecté. Aucune réaction des FDI.
6H30 : les milices chrétiennes s’emploient à vider les camps de leur population encore en vie ; un groupe de Phalangistes et de soldats de l’ALS entre dans l’Hôpital Gaza ; de nouveaux contingents de soldats phalangistes pénètrent dans Chatila.
7H30 : 18 Occidentaux, un Syrien et deux infirmiers palestiniens appartenant au personnel médical de l’hôpital Gaza sont arrêtés. Un Palestinien est abattu. Le médecin syrien l’est également un peu plus tard. Les autres sont conduits à travers les deux camps. Chemin faisant, ils voient des centaines de cadavres. Ils voient aussi des centaines de personnes (hommes, femmes, enfants, vieillards) rassemblées sous la garde des milices chrétiennes. Peu avant la sortie de Chatila, ils croisent des bulldozers portant Aleph, la première lettre de l’alphabet hébraïque. A l’extérieur du camp, ils sont interpellés agressivement (êtes-vous chrétiens ou êtes-vous communistes ? des chrétiens ne soignent pas les Palestiniens…vous êtes des communistes, des membres de la bande Bader-Meinhof …) par un groupe de miliciens portant un béret noir. Ils peuvent voir 40 à 50 Phalangistes entrer dans les camps sous la supervision des soldats israéliens. Ils sont conduits près de l’ambassade du Koweït. En accord avec des officiers israéliens, les Phalangistes les obligent à enlever leur tablier blanc qui les identifie comme personnel médical et les distingue des combattants. On leur prend leur passeport. Ils subissent ensuite un interrogatoire musclé, puis sont envoyés au poste de commandement avancé israélien. Un médecin – le Dr David Grey – reçoit ensuite, d’un officier israélien, un laisser passer rédigé en hébreu et, sur l’insistance du Dr Grey, ensuite en arabe, lui permettant de retourner à l’hôpital Gaza. A ce moment, des Phalangistes tentent d’abuser d’une infirmière norvégienne. Il suffit d’un mot de l’officier israélien pour que les Phalangistes passent leur chemin, ce qui montre bien qui était aux commandes. Après avoir séparé les hommes valides parmi les centaines de personnes sorties des camps, les Phalangistes conduisent certains soit vers des camions stationnés aux entrées, soit vers le stade de la Cité sportive. Sur intervention d’un officier israélien, les femmes et les enfants sont invités à rentrer chez eux. Les milices chrétiennes reçoivent peu après l’ordre de quitter les camps. L’hôpital Akka est en feu.
à partir de 8 H : avec trois heures de retard sur l’horaire convenu et sans que ce retard ait suscité des réactions israéliennes, les Phalangistes commencent à sortir des camps.
à partir de 8H30 : les premiers journalistes et photographes entrent dans les camps. Une vision d’horreur s’offre à eux. Ils découvrent des corps de femmes et de jeunes filles ligotées, jupes retroussées et jambes écartées, qui ont été violées avant d’être égorgées ; à certaines, on a coupé les seins ; ils découvrent des femmes enceintes éventrées avec leur bébé étranglé, des hommes parfois jeunes alignés devant le mur où ils ont été abattus, des enfants et des vieillards devant la porte de leur maison, des familles tuées devant la télévision ou dans leur chambre, ou autour de la table, pendant le repas ou dans les abris où ils avaient cherché refuge; les mains d’une femme tiennent encore sa carte d’identité libanaise ; d’autres femmes ligotées ont eu les doigts tranchés, certains ont eu les membres tranchés à coups de hache avant d’être achevés ; des hommes ont été émasculés ; beaucoup de cadavres sont mutilés ; des crânes ont été fracassés à la hache ; des bébés, le crâne écrasé, ont été jetés sur des tas d’ordures parmi des canettes de rations C US et des bouteilles de whisky vides. Des familles entières – parfois plus de 30 personnes – sont décimées. Dans d’autres cas, un témoin est laissé en vie « pour qu’il raconte », lui a-t-on dit. Des grenades dégoupillées ont été placées sous certains cadavres et menacent de tuer les parents encore en vie. Des morceaux de corps émergent de maisons détruites par les bulldozers, d’autres de fosses mal comblées. Même des chevaux ont été abattus. Les récits des survivants sont hallucinants. L’état de décomposition des cadavres laisse apparaître que les premières victimes remontent à la nuit de mercredi à jeudi et que les dernières ont été tuées le samedi matin. Les visiteurs ne trouvent pratiquement aucune trace de combats, sauf près de la mosquée de Sabra.
L’écrivain français Jean Genet, qui séjournait à Beyrouth, est parmi les premiers à se rendre dans les camps. Il décrira l’horreur de ce qu’il a découvert dans un texte devenu célèbre sous le titre « Quatre heures à Chatila. »
vers 9 H : des diplomates, dont l’Ambassadeur de France Paul-Marc Henri et un Américain, entrent dans les camps avec des représentants suisses du CICR et des journalistes de plus en plus nombreux. Ils découvrent l’ampleur des massacres. M. Henri ne peut retenir ses larmes.
10 H : les derniers miliciens quittent les camps. Morris Draper adresse à Sharon, via le représentant du Ministère israélien des affaires étrangères à Beyrouth, le message suivant : « Vous devez arrêter le massacre. C’est horrible. J’ai un représentant dans les camps qui compte les corps. Vous devriez avoir honte. La situation est absolument effroyable. Ils tuent des enfants. Vous avez le terrain complètement sous votre contrôle et vous êtes en conséquence responsable pour cette zone. »
12 H : à Tel-Aviv, un porte-parole des FDI déclare « nous ignorons tout de ces prétendus massacres. Il n’y a aucune présence israélienne dans les camps mêmes».
13 H : Sharon répond à Draper que les Phalangistes ont quitté la zone des camps. Cette information n’est pas correcte puisque miliciens phalangistes et de l’ALS sont encore présents à l’intérieur de la Cité sportive où ils côtoient des soldats et des agents des services de renseignements israéliens. Pendant une partie de la journée, après avoir été interrogés dans le stade par des soldats israéliens qui usent de la menace de les rendre aux Phalangistes, un grand nombre de prisonniers sont embarqués par ces derniers dans des camions partant vers des destinations restées inconnues jusqu’à ce jour. On retrouvera, dans la Cité sportive, les corps de prisonniers ligotés. L’officier israélien en charge des interrogatoires à la Cité sportive, le Colonel Naftali Bahiry, a nié la présence de ces éléments phalangistes dans un stade qui était sous le contrôle exclusif de l’armée israélienne. Cette présence a cependant été constatée par bon nombre de survivants, par le personnel de l’hôpital Gaza qui y a été conduit, par des journalistes et par des diplomates occidentaux.
DIMANCHE 19 SEPTEMBRE 1982
Comme la veille, les FDI procèdent, dans le stade du Cercle sportif, à des vérifications d’identité ainsi qu’à des interrogatoires de tous les Palestiniens âgés de 14 à 60 ans amenés des camps ou du reste de Beyrouth où les opérations de ratissage et les perquisitions se poursuivent. Ces interrogatoires sont parfois accompagnés de simulacres d’exécution. Le résultat principal de ces interrogatoires, et le Colonel israélien Bahiry le confirmera, c’est qu’on n’a pas trouvé trace des « 2.000 terroristes » invoqués par Sharon pour envahir Beyrouth ouest.
Alors que le monde entier découvre l’ampleur de la boucherie et commence à s’indigner, tous les porte-parole officiels israéliens tiennent un discours identique : Israël ainsi que l’ALS sont totalement étrangers aux massacres.
A Beyrouth, Amin Gemayel déclare à Navot qu’il ne comprend pas la mise en cause des Phalangistes par le gouvernement israélien. Eytan, Drori et Navot rencontrent l’adjoint de Fadi Frem, An Tuan Baridi, dit Toto, et lui indiquent la nécessité de récupérer rapidement toutes les armes se trouvant dans les camps. Ils suggèrent aux Phalangistes une explication des massacres basée sur la perte de contrôle des troupes. Les Phalangistes refusent d’endosser la responsabilité des massacres. Lors d’une conférence de presse, Eytan déclare « Nous n’avons pas donné d’ordre aux Phalangistes et nous ne sommes pas responsables pour eux…Les Phalangistes ont été se battre dans les camps selon leurs propres règles… »
Dans Beyrouth ouest, des miliciens de l’ALS mettent à sac le siège du Parti Socialiste Progressiste.
A Tel-Aviv, à deux reprises pendant la journée, des manifestations spontanées rassemblent des centaines de pacifistes israéliens qui demandent la démission de Begin et de Sharon. Amnon Kapeliouk rapporte que le professeur Epstein, âgé de 80 ans, déclare aux journalistes : « J’ai honte d’être Israélien après ce qui s’est passé à Beyrouth. Cela me rappelle trop les nazis qui ont emmené les Ukrainiens au ghetto pour massacrer les Juifs. » Les manifestants sont dispersés avec violence par la police.
Alors qu’il a soutenu l’invasion du Liban et a fait le tour du monde pour justifier l’action des FDI au Liban, à l’origine des massacres, Shimon Peres, leader de l’opposition travailliste, trouve opportun, aux informations télévisées, d’appuyer les revendications des manifestants.
Le gouvernement Begin, réuni à 22 H, déclare que le massacre a été perpétré par une « unité libanaise » qui s’est infiltrée dans les camps « par un accès éloigné des positions des FDI. » Il affirme que « dès que les FDI ont été informées de ce qui se passait dans les camps, elles ont mis fin à l’assassinat de civils innocents et ont forcé l’unité libanaise à quitter le camp. » Il rejette toute idée de responsabilité des FDI, une accusation qui constitue, selon le communiqué, « une calomnie sanglante contre l’Etat juif et son gouvernement», qu’il considère comme sans fondements et « rejette avec mépris. » Begin déclare : « des non-Juifs ont tué des non-Juifs et ce sont les Juifs qu’ils accusent » ( « Goyim kill Goyim and they accuse the Jews»).
A New York, le Conseil de Sécurité de l’ONU « condamne le massacre criminel de civils palestiniens à Beyrouth».
Source: Jenna
SOURCE : INVESTIG'ACTION
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